Lorsque je passe en HDJ, (Hopital De Jour … Fais un effort quoi !) je perds un peu en prise en charge. J’y vais tous les après midi ça me permet à minima d’entretenir en kiné ce que j’ai pu récupérer.
De toute façon, l’AVC encombre ma vie. Je n’ai pas d’autre solution que de vivre avec. Si tu savais combien je déteste cette expression ! (encore une, je sais)
Allez hop. Je baisse les bras … enfin un seul.
J’accepte, c’est comme ça …Il faut se faire une raison …….
Non. Je refuse tout en bloc.
L’AVC occupe chaque seconde de mon quotidien, jusqu’aux nuits. J’en rêve très souvent pratiquement toutes les nuits. Dans tous ces rêves, L’AVC est loin derrière moi et je suis libre. Je discute avec une amie et nous parlons d’un passé au cours duquel
on ne sait pas pourquoi, l’hémi de mon corps ne répondait plus. Mais que tout ça était loin.
En HDJ, je suis prise en charge par une douce kiné, Sivie.
Mais. Il faut que tu saches qu’elle m’installe tous les jours face à une machine à pédaler.
Au début ça me convient. Pendant que mes jambes travaillent, je m’occupe de Moumoune.
Quoi ? Ah mais ce n’est pas possible ! Il va falloir que je ponde un lexique pour les surnoms que je donne….
Moumoune = main gauche=main blessée.
Donc pendant que je pédale, je prends un doigt de Moumoune, et je manipule les trois phalanges, comme si je voulais faire craquer mes doigts un par un.
Je fais ces mouvements plusieurs fois par jour, ça me permet de conserver un peu de souplesse dans les doigts de Moumoune et surtout de ne pas trop m’emmerder quand je suis en train de pédaler. Parce que bon. Tu pédales et le paysage ne change pas.
Avant les premières manipulations, lorsque je prends ma main blessée dans mon autre main, Moumoune pèse lourd, elle est crispée et fermée en un poing difficile à ouvrir si je prends tous les doigts d’un coup. Après les manipulations, les doigts sont souples et en position neutre. La main est beaucoup moins lourde. Parfois j’arrive à bouger les trois premiers doigts (oui ! sans les toucher.) La sensation reste étrange. Je regarde longuement ma main, comme si je voulais y poser mon esprit. Puis je plonge dans mon pouce et le fais bouger, aussi concentrée que ceux qui arrivent à plier les fourchettes par la pensée. Quoi ? bon oui, ok. Dans les films. A mon humble avis, pour tous ces films qui traitent du pouvoir de déplacer un objet par la force de la pensée, les réalisateurs ont vécu, témoin ou acteur, une rééducation post AVC pour imprégner les acteurs qui doivent soulever un couteau par leur seule force mentale. Je propose que l’on créé une association pour pouvoir les attaquer pour plagia. Il faudrait qu’on récupère une partie du gâteau !
J’en reviens donc à mon vélo en kiné. Sur ma droite, il y a non pas un, mais DEUX tapis roulant. Et je regarde avec envie ceux qui marchent et courent dessus.
Lorsque Sivie la douce kiné vient vérifier comment ça se passe pour moi, j’en profite pour lui demander si je peux utiliser le tapis roulant. Elle secoue la tête. Je vais batailler pendant des jours, semaines, mois, contre toute l’équipe, J’ai tout tenté. Menaces, chantage… Je repérais les kinés stagiaires à leur arrivée, je leur demandais de m’aider à mettre la bestiole en route…mais ils étaient prévenus.
J’entendais toujours la même réponse, c’est trop tôt. Ah non ! on ne va pas me la jouer à chaque étape celle-ci !
Déjà que je devais m’adapter encore une fois à une autre organisation dans ma vie….
Ce sont les ambulanciers qui viennent me chercher en tout début d’après midi. J’ai accepté cet horaire qui me prend bien la tête pour être certaine d’être bien suivie par le médecin qui me suivait pendant l’hospitalisation.
Et je pense que je n’étais pas la seule. Quand il arrivait à l’HDJ, une très grande partie des patients se mettaient en pause. Dont moi. Je regardais les autres patients et je devinais les sourires, derrière les masques et dans les yeux.
Il inspire le respect. Comme je l’ai dit à mes enfants pendant des années, si tu veux être respecté(e), respecte toi même.
C’est fou de voir un médecin apprécié par tant de personnes.
J’avais envie lui dire de monter son propre centre de rééducation, je me sentais même capable de tenir sa compta au moins au début. La gestion humaine du centre où j’étais me semblait vaseuse. J’ai vu des salariés tellement maltraités dans leur quotidien que j’avais envie de hurler. Que ce soit à l’hôpital (public) ou en centre de rééducation (privé). Comment veux tu qu’ils puissent masquer totalement leur mal être, leur colère lorsqu’ils viennent s’occuper de nous ?
Pour en revenir au médecin, je peux te dire qu’on pouvait palper cette sensation de bien être / je suis en sécurité lorsqu’il traversait le plateau. Nous attendions qu’il passe près de nous pour pouvoir répondre à son bonjour.
Sa jeunesse aurait pu m’effrayer, mais elle m’a rassurée . Je me sentais confiante. Il est de ces médecins qui te demande l’autorisation avant de t’ausculter, qui tape à la porte de SON bureau quand il sait que tu y es et qu’il en est sorti pour répondre à un appel téléphonique …
Je sais que je lui dois de ne pas avoir été attachée sur le fauteuil roulant, lorsque mes cascades déplaisaient trop aux soignants qui me ramassaient au sol.. Il savait, lorsque je lui posais une question, si sa réponse allait me déplaire ou pas. Même lorsqu’il n’était pas d’accord avec un soin, il le disait mais préférait faire une tentative avant de prendre une décision finale.
Pas de langue de bois. Mais il m’a bien gonflée lorsque je lui montrais un mouvement, une vidéo dans laquelle je bougeais mon bras gauche et qu’il se contentait de me répondre « ok »Ok quoi ??? c’est tout ???? Ok ??
Oui oui, je sais qu’il ne veut pas me donner de faux espoir. OkOk. Mais juste ok ????
Peu avant que je rentre en HDJ, dans le cadre du traitement la spasticité j’ai eu des … infiltrations ? injections ? de … toxines botulique, je crois.
Je n’ai retenu que botox quand il m’en a parlé.
Je lui ai demandé s’il pouvait m’en faire en plus au visage…. Il a RE-FUS-É !
Alors je l’ai informé que j’avais déposé plainte contre l’hôpital dont le service Neuro m’avait sauvé la vie pour la rupture d’anévrisme, premier AVC de ma vie, parce qu’ils m’avait scalpée et écarté la peau pour atteindre la partie du crane sur laquelle ils devaient découper un volet et qu’ils n’avaient pas profité de la situation pour tirer un peu sur la peau flasque du visage.
Ce n’est quand même pas si compliqué ! c’est inadmissible ! Ils servent à quoi tous ces chirurgiens et soignants, s’ils ne trouvent pas le moment, durant sept heures d’intervention, de te tirer un peu sur la peau, pour qu’au moins tu puisses accepter les putains de coquards qui te re-décorent la face à ton réveil ?
Alors si j’ai attaqué un hôpital en justice pour non assistance à personne en vieillissement de la peau, je ne vais pas me gêner pour attaquer un médecin spécialisé MPR pour refus d’injection de Botox sur le même visage vieillissant, à la gueule tordue !
Je suis certaine que même toi, tu as du te demander c’est quoi MPR ? toxines botulique ? spasticité ? Mais botox tu sais ce que c’est……..
Je dis ça …